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il n’y a pas autant de savoir-faire que du faire, en un mot, s’il n’y a pas plus de talent spéculatif que de talent littéraire. Pour le génie de Zola, n’en parlons pas, laissons cette amusette à ses caudataires. Il y a, dit-on, imprudence à goûter à ses sauces et témérité à toucher à son jeu, tant pis ; il y a nécessité et devoir à le faire, je le fais.

Ceux qui ne louent pas les yeux fermés et qui ne critiquent pas les oreilles bouchées, on les accuse de partialité, de parti pris, d’éreintement. Je tiens à dire, qu’indépendant de toute attache artistique, littéraire, politique et religieuse, je donne franchement et simplement mes appréciations, sans haine et sans enthousiasme, comme je pense, comme je sais et comme je crois. Être le bedeau d’un culte, le garçon d’admiration d’un talent et le commis voyageur d’une littérature, sont des métiers qui ne conviennent ni à mes goûts, ni à mon caractère. J’écris pour l’amour et l’honneur des lettres ; je sais bien qu’il n’y a pas bénéfice à le faire, mais il y a satisfaction d’un devoir accompli et d’une tâche bien remplie, cela me suffit. Je sais aussi qu’en me brûlant à l’actualité je risque de parler sous la pression de certains faits et de ne pouvoir me taire sous l’émotion de certaines impressions, mais comme je ne relève que de ma conscience et de celle des honnêtes gens, je soumets avec confiance mes sentiments à leur jugement.