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où votre talent de descripteur cache la naïveté de votre science. Aussi vos lecteurs en font bon marché, et, brisant ce fil à repriser, rompant cette trame si ingénieusement mélangée, et méprisant cette parenté si mêlée, oublient toute cette construction anatomico-physiologico-héréditaire, pour s’intéresser à chaque roman, en dehors de tout système scientifique et expérimental. Au reste, ce lien plus fictif que réel, inventé pour donner une espèce de vraisemblance à l’Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second Empire, devient un accessoire si peu important que le lecteur et l’auteur, une fois entrés dans le roman, ne s’en souviennent plus eux-mêmes.

Donc, au point de vue littéraire, la théorie de l’hérédité est aussi inutile que contraire aux règles de l’art. Le roman, par sa raison d’être essentiellement littéraire, ne se prête ni aux conceptions abstraites de la philosophie, ni aux formules mathématiques de la science. « Que m’importe la science, dans le roman, c’est l’art qu’il me faut, » avez-vous écrit.



Le Naturalisme moral

Ces deux mots jurent ensemble, mais pour accentuer plus vigoureusement leur incompatibilité, je les force un instant à