Page:Lapointe - Mesdames de la Halle.pdf/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de monsieur de Corneille. Je te conterai ça une autre fois. Je cours chercher ton amoureux, que je te ramène pour vous bénir. (À Poiretapée.)[1] Si on vient me demander, tu diras que je suis à me sécher chez le marchand de vin. Ah ! que c’est donc bon de retrouver son enfant ! (Elle sort par la gauche.)

CIBOULETTE.

Et moi, je vais apprendre ça à ma portière, qui m’a servi de seconde mère. Ah ! que c’est donc bon d’être la fille de quelqu’un ! (Elle sort à droite.)


Scène XIV.

Mlle  POlRETAPÉE, puis Mme  MADOU.


POIRETAPÉE, seule, parcourant la scène à grands pas.[2]

C’est affreux ! affreux ! Une mère marâtre qui abandonne son enfant ! Je m’en vas conter ça à toute la halle !…

Mme  MADOU, à la cantonade.

Libre ! libre !… (Entrant par la droite.) La sentinelle m’a fait un doigt de cour, je lui ai payé un petit verre, et elle m’a délivrée…

POIRETAPÉE.

Vous ne savez pas tout le tapage, tout le bruit, toute la musique qui se fait ici ?

Mme  MADOU.

Puisque je sors du violon !

POIRETAPÉE.

Ah ! il se passe des choses ! des choses !… c’est une horreur à faire frissonner !…

Mme  MADOU.

Qu’est-ce qu’il y a donc ?

POIRETAPÉE, débitant tout d’une haleine.

Il y a que tous les sergents sont des monstres !…

Mme  MADOU.

À qui le dites-vous ?

  1. Poiretapée, Beurrefondu, Ciboulette.
  2. Poiretapée, Madou.