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sur les probabilités.

sans laquelle ils ont pensé que les causes irrégulières, qui troublent sans cesse la marche des évènemens, auraient dû plusieurs fois rendre les naissances annuelles des filles supérieures à celles des garçons.

Mais cette preuve est un nouvel exemple de l’abus que l’on a fait si souvent des causes finales, qui disparaissent toujours par un examen approfondi des questions, lorsqu’on a les données nécessaires pour les résoudre. La constance dont il s’agit est un résultat des causes régulières qui donnent la supériorité aux naissances des garçons, et qui l’emportent sur les anomalies dues au hasard, lorsque le nombre des naissances annuelles est considérable. La recherche de la probabilité que cette constance se maintiendra pendant un long espace de temps, appartient à cette branche de l’Analyse des hasards qui remonte des évènemens passés à la probabilité des évènemens futurs ; et il en résulte qu’en partant des naissances observées depuis 1745 jusqu’en 1784, il y a près de quatre à parier contre un, qu’à Paris les naissances annuelles des garçons surpasseront constamment, pendant un siècle, les naissances des filles ; il n’y a donc aucune raison de s’étonner que cela ait eu lieu pendant un demi-siècle.