Page:Laplace - Essai philosophique sur les probabilités.djvu/86

Cette page a été validée par deux contributeurs.
78
essai philosophique

que les eaux des mers, soulevées par de violentes tempêtes, retombent dans leurs bassins par la pesanteur. C’est encore un résultat du calcul des probabilités, confirmé par de nombreuses et funestes expériences. L’histoire traitée sous le point de vue de l’influence des causes constantes, unirait à l’intérêt de la curiosité, celui d’offrir aux hommes les plus utiles leçons. Quelquefois on attribue les effets inévitables de ces causes, à des circonstances accidentelles qui n’ont fait que développer leur action. Il est, par exemple, contre la nature des choses, qu’un peuple soit à jamais gouverné par un autre qu’une vaste mer ou une grande distance en sépare. On peut affirmer qu’à la longue, cette cause constante se joignant sans cesse aux causes variables qui agissent dans le même sens, et que la suite des temps développe, finira par en trouver d’assez fortes pour rendre au peuple soumis, son indépendance naturelle, ou pour le réunir à un état puissant qui lui soit contigu.

Dans un grand nombre de cas, et ce sont les plus importans de l’analyse des hasards, les possibilités des évènemens simples sont inconnues, et nous sommes réduits à chercher dans les évènemens passés, des indices qui puissent nous guider dans nos conjectures sur les causes dont ils