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répandant également sur tous les temps, les biens que la nature distribue d’une manière inégale. Je n’excepte pas de la loi précédente, les effets dus aux causes morales. Le rapport des naissances annuelles à la population, et celui des mariages aux naissances, n’éprouvent que de très petites variations : à Paris, le nombre des naissances annuelles est à peu près le même ; et j’ai ouï dire qu’à la poste, dans les temps ordinaires, le nombre des lettres mises au rebut par les défauts des adresses, change peu, chaque année ; ce qui a été pareillement observé à Londres.

Il suit encore de ce théorème, que dans une série d’évènemens, indéfiniment prolongée, l’action des causes régulières et constantes doit l’emporter à la longue, sur celle des causes irrégulières. C’est ce qui rend les gains des loteries aussi certains que les produits de l’agriculture ; les chances qu’elles se réservent, leur assurant un bénéfice dans l’ensemble d’un grand nombre de mises. Ainsi des chances favorables et nombreuses étant constamment attachées à l’observation des principes éternels de raison, de justice et d’humanité, qui fondent et maintiennent les sociétés, il y a grand avantage à se conformer à ces principes, et de graves inconvéniens à s’en écarter. Que l’on consulte les histoires et sa propre ex-