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tamment, la probabilité des causes pourra s’en accroître au point d’égaler celle des faits sur lesquels on ne se permet aucun doute. La recherche de ces rapports des causes à leurs effets, n’est pas moins utile dans la philosophie naturelle que la solution directe des problèmes, soit pour vérifier la réalité de ces causes, soit pour déterminer les lois de leurs effets : pouvant être employée dans un grand nombre de questions dont la solution directe n’est pas possible, elle la remplace de la manière la plus avantageuse. Je vais exposer ici l’application que j’en ai faite à l’un des plus intéressans phénomènes de la nature, au flux et au reflux de la mer.

Pline le naturaliste a donné de ce phénomène une description remarquable par son exactitude, et dans laquelle on voit que les anciens avaient observé que les marées de chaque mois sont les plus grandes vers les syzygies, et les plus petites vers les quadratures ; qu’elles sont plus hautes dans le périgée que dans l’apogée de la Lune, et dans les équinoxes que dans les solstices. Ils en avaient conclu que ce phénomène est dû à l’action du Soleil et de la Lune sur la mer. Dans la préface de son ouvrage De Stella Martis, Képler admit une tendance des eaux de la mer vers la Lune ; mais, ignorant la loi de cette tendance,