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multiplie la fraction par celle qui exprime la probabilité que les orbites seront comprises dans une aussi petite zone que celle qui les renferme, on verra que la disposition actuelle de notre système planétaire serait infiniment peu probable si elle était due au hasard, et qu’elle annonce par conséquent, avec une certitude équivalente ou même supérieure à celle d’un grand nombre d’événements dont il nous paraîtrait absurde de douter, l’existence d’une cause régulière qui a déterminé les planètes et leurs satellites à se mouvoir dans le même sens et presque dans le même plan ; je supprime cette analyse, que M. Daniel Bernoulli a donnée depuis longtemps, et qui d’ailleurs est fort simple.

Quelle est présentement la cause qui peut avoir ainsi déterminé le mouvement des planètes et des satellites ? A-t-elle été particulière à ces astres, ou bien a+elle influé sur le mouvement de tous ceux qui tournent autour du Soleil ? La première de ces questions me semble fort difficile à résoudre ; et j’avoue qu’après y avoir longtemps réfléchi, et après avoir examiné avec attention toutes les hypothèses imaginées jusqu’ici pour expliquer ce phénomène, je n’ai rien trouvé de satisfaisant. Quant à la seconde question, on peut aisément y répondre ; il suffit pour cela : 1o de calculer l’inclinaison moyenne des orbites de toutes les comètes observées, et de voir de combien elle s’éloigne de car, en supposant les comètes lancées au hasard, il y a autant à parier qu’elle sera au-dessus qu’au-dessous de 2o de connaître le rapport du nombre des comètes directes à celui des rétrogrades, et de voir de combien il s’éloigne de l’unité ; car il est aussi probable qu’il sera plus grand que moindre. Ces calculs ont été faits par M. du Séjour dans son excellent Ouvrage sur les comètes ; ce savant autour a trouvé que l’inclinaison moyenne des soixante-trois comètes observées jusqu’à présent était de ce qui s’éloigne peu de et que le rapport des comètes directes aux rétrogrades était ce qui s’écarte peu de l’unité. De là il conclut, avec raison, qu’il n’existe pour les comètes aucune cause qui les détermine à se mouvoir dans un sens