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XLVI.


Il nous reste enfin à discuter si la pesanteur agit de la même manière sur les corps en repos et en mouvement ; il est visible qu’un corps en repos, étant abandonné à la pesanteur, éprouvera toute son action, et tombera suivant la verticale sur la surface de la Terre ; mais, s’il se meut déjà vers la Terre dans la direction de cette verticale, il est naturel de penser que la vitesse doit le soustraire en partie à l’effort de la pesanteur. Ce sentiment, très vraisemblable en lui-même, serait incontestable si la cause de cette force venait de l’impulsion d’un fluide quelconque ; mais, comme elle est entièrement inconnue, je vais soumettre à l’analyse les mouvements des corps célestes d’après la supposition de la gravitation agissant différemment sur les corps suivant leurs différents mouvements ; je comparerai ensuite le calcul à l’observation, car s’il existait quelque phénomène inexplicable jusqu’ici dans les suppositions ordinaires et qui dérivât nécessairement de celle-ci, on ne pourrait s’empêcher alors de la regarder comme indiquée par la nature, et conséquemment de l’admettre.

Je considérerai la pesanteur d’une molécule de matière comme produite par l’impulsion d’un corpuscule infiniment plus petit qu’elle, et mù vers le centre de la Terre avec une vitesse quelconque. La supposition ordinaire, suivant laquelle la pesanteur agit de la même manière sur les corps en repos et en mouvement, revient à faire cette vitesse infinie ; je la supposerai indéfinie, et je chercherai à la déterminer par l’observation.


XLVII.


J’imagine un corps infiniment petit dans l’espace (fig. 2), décrivant autour de considéré comme immobile, une orbite quelconque sur le plan fixe je fais et l’angle Je nomme, de plus, la force perpendiculaire à et agissant dans le même sens que le mouvement de la planète, et la force agissant dans la