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nétaires, surtout si nous considérons que l’inclinaison du plus grand nombre de ces mouvements à l’équateur solaire est fort petite.

Un autre phénomène également remarquable du système solaire est le peu d’excentricité des orbes des planètes et des satellites, tandis que ceux des comètes sont très allongés, les orbes de ce système n’offrant point de nuances intermédiaires entre une grande et une petite excentricité. Nous sommes encore forcés de reconnaître ici l’effet d’une cause régulière ; le hasard n’eût point donné une forme presque circulaire aux orbes de toutes les planètes et de leurs satellites ; il est donc nécessaire que la cause qui a déterminé les mouvements de ces corps les ait rendus presque circulaires. Il faut encore que les grandes excentricités des orbes des comètes résultent de l’existence de cette cause, sans qu’elle ait influé sur les directions de leurs mouvements ; car on trouve qu’il y a presque autant de comètes rétrogrades que de comètes directes, et que l’inclinaison moyenne de tous leurs orbes à l’écliptique approche très près d’un demi-angle droit, comme cela doit être si ces corps ont été lancés au hasard.

Quelle que soit la nature de la cause dont il s’agit, puisqu’elle a produit ou dirigé les mouvements des planètes, il faut qu’elle ait embrassé tous ces corps, et, vu les distances qui les séparent, elle ne peut avoir été qu’un fluide d’une immense étendue ; pour leur avoir donné, dans le même sens, un mouvement presque circulaire autour du Soleil, il faut que ce fluide ait environné cet astre comme une atmosphère. La considération des mouvements planétaires nous conduit donc à penser qu’en vertu d’une chaleur excessive, l’atmosphère du Soleil s’est primitivement étendue au delà des orbes de toutes les planètes, et qu’elle s’est resserrée successivement jusqu’à ses limites actuelles.

Dans l’état primitif où nous supposons le Soleil, il ressemblait aux nébuleuses que le télescope nous montre composées d’un noyau plus ou moins brillant, entouré d’une nébulosité qui, en se condensant à la surface du noyau, doit le transformer, un jour, en étoile. Si l’on conçoit, par analogie, toutes les étoiles formées de cette manière, on peut