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CHAPITRE X.
de l’espérance morale.


41. On a vu, dans le no 2, la différence qui existe entre l’espérance mathématique et l’espérance morale. L’espérance mathématique résultante de l’attente probable d’un ou de plusieurs biens étant le produit de ces biens par la probabilité de les obtenir, elle peut être évaluée par l’analyse exposée dans ce qui précède. L’espérance morale se règle sur mille circonstances qu’il est presque impossible de bien évaluer. Mais nous avons donné dans le numéro cité un principe qui, s’appliquant aux cas les plus communs, conduit à des résultats souvent utiles, et dont nous allons développer les principaux.

D’après ce principe, étant la fortune physique d’un individu, l’accroissement qu’elle reçoit produit à l’individu un bien moral réciproque à cette fortune ; l’accroissement de sa fortune morale peut donc être exprimé par étant une constante. Ainsi, en désignant par la fortune morale correspondante à la fortune physique , on aura

étant une constante arbitraire que l’on déterminera au moyen d’une valeur de correspondante à une valeur donnée de Sur cela, nous observerons que l’on ne peut jamais supposer et nuls ou négatifs dans l’ordre naturel des choses ; car l’homme qui ne possède rien regarde son existence comme un bien moral qui peut être comparé à l’avantage que lui procurerait une fortune physique dont il est bien