Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 7.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

science, qui a commencé par la considération des jeux, se soit élevée aux plus importants objets des connaissances humaines.

J’ai rassemblé toutes ces méthodes dans ma Théorie analytique des Probabilités, où je me suis proposé d’exposer, de la manière la plus générale, les principes et l’analyse du Calcul des Probabilités, ainsi que les solutions des problèmes les plus intéressants et les plus difficiles que ce Calcul présente.

On voit, par cet Essai, que la théorie des probabilités n’est, au fond, que le bon sens réduit au calcul ; elle fait apprécier avec exactitude ce que les esprits justes sentent par une sorte d’instinct, sans qu’ils puissent souvent s’en rendre compte. Si l’on considère les méthodes analytiques auxquelles cette théorie a donné naissance, la vérité des principes qui lui servent de base, la logique fine et délicate qu’exige leur emploi dans la solution des problèmes, les établissements d’utilité publique qui s’appuient sur elle, et l’extension qu’elle a reçue et qu’elle peut recevoir encore par son application aux questions les plus importantes de la Philosophie naturelle et des Sciences morales ; si l’on observe ensuite que, dans les choses mêmes qui ne peuvent être soumises au calcul, elle donne les aperçus les plus sûrs qui puissent nous guider dans nos jugements, et qu’elle apprend à se garantir des illusions qui souvent nous égarent, on verra qu’il n’est point de science plus digne de nos méditations et qu’il soit plus utile de faire entrer dans le système de l’instruction publique.


__________