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des doutes à un esprit fait pour sentir la force de l’analogie ? et ne doit-on pas dire, avec Kepler, que la nature proclame ici d’une voix haute la vérité de cette hypothèse ? Il faut l’avouer, Tycho, quoique grand observateur, ne fut pas heureux dans la recherche des causes ; son esprit peu philosophique fut même imbu des préjugés de l’Astrologie judiciaire, qu’il a essayé de défendre. Il serait cependant injuste de le juger avec la même rigueur que celui qui se refuserait, de nos jours, à la théorie du mouvement de la Terre, confirmée par les découvertes faites depuis, en Astronomie. Les difficultés que les illusions des sens opposaient alors à cette théorie n’avaient point encore été résolues. Le diamètre apparent des étoiles, supérieur à leur parallaxe annuelle, donnait à ces astres, dans cette théorie, un diamètre réel plus grand que celui de l’orbe terrestre ; le télescope, en les réduisant à des points lumineux, a fait disparaître cette grandeur invraisemblable. On ne concevait pas comment les corps détachés de la Terre pouvaient en suivre les mouvements. Les lois de la Mécanique ont expliqué ces apparences ; elles ont fait voir, ce que Tycho, trompé par une expérience fautive, refusait d’admettre, qu’un corps, en partant d’une grande hauteur et abandonné à la seule action de la gravité, retombe à très peu près au pied de la verticale, en ne s’écartant à l’orient que d’une quantité très difficile à observer à cause de son extrême petitesse ; en sorte que l’on éprouve maintenant, à reconnaître dans la chute des graves le mouvement de la Terre, autant de difficulté que l’on en trouvait alors à prouver qu’il doit être insensible.

La réforme du calendrier julien se rapporte au temps de Tycho Brahe. Il est utile d’attacher les mois et les fêtes aux mêmes saisons, et d’en faire des époques remarquables pour l’agriculture. Mais, pour obtenir cet avantage précieux aux habitants des campagnes, il faut, par l’intercalation régulière d’un jour, compenser l’excès de l’année solaire sur l’année commune de trois cent soixante et cinq jours. Le mode d’intercalation le plus simple est celui que Jules César introduisit dans le calendrier romain, et qui consiste à faire succéder une bissextile à trois années communes. Mais la longueur de l’année que ce mode suppose,