Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 4.djvu/530

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

base. D’autres fois, les principes d’une substance, sans être unis ensemble comme ils le sont dans la substance même, s’unissent à d’autres principes et forment avec eux des combinaisons triples ou quadruples, en sorte que cette substance, retirée par l’Analyse chimique, est alors un produit de cette opération. Les molécules intégrantes peuvent encore s’unir par diverses faces et produire ainsi des cristaux différents par la forme, la dureté, la pesanteur spécifique et leur action sur la lumière. Enfin la condition d’un équilibre stable me paraît être ce qui détermine les proportions fixes suivant lesquelles divers principes se combinent dans un grand nombre de circonstances. Tous ces phénomènes dépendent de la forme des molécules élémentaires, des lois de leurs forces attractives, de la force révulsive de la chaleur, et peut-être d’autres forces encore inconnues. L’ignorance où nous sommes de ces données et leur complication extrême ne permettent pas d’en soumettre les résultats à l’Analyse mathématique. Mais on supplée à ce grand avantage, par le rapprochement des faits bien observés, en tirant de leur comparaison des rapports généraux, qui, liant ensemble un grand nombre de phénomènes, sont la base des théories chimiques dont ils étendent et perfectionnent les applications aux arts.

À la surface des liquides, l’attraction moléculaire, modifiée par la courbure des surfaces et des parois qui les renferment, produit les phénomènes capillaires. Ainsi ces phénomènes et tous ceux que la Chimie nous présente se rattachent à une même loi, que l’on ne peut maintenant révoquer en doute. Quelques physiciens ont attribué les phénomènes capillaires à l’adhésion des molécules liquides, soit entre elles, soit aux parois qui les contiennent ; mais cette cause est insuffisante pour les produire. En effet, si l’on suppose la surface de l’eau contenue dans un tube de verre horizontale et de niveau avec celle de l’eau du vase dans lequel le tube plonge par son extrémité inférieure, la viscosité du liquide et son adhérence au tube ne doivent point courber cette surface et la rendre concave. Pour cela, il est nécessaire d’admettre une attraction de la partie supérieure du tube, qui n’est point immédiatement en contact avec le liquide. D’ailleurs, la surface du