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CHAPITRE V.
de la chute des corps qui tombent d’une grande hauteur.

15. Un corps qui, partant de l’état de repos, tombe d’une grande hauteur, s’éloigne sensiblement de la verticale, en vertu du mouvement de rotation de la Terre ; cet écart, bien observé, est donc propre à manifester ce mouvement. Quoique la rotation de la Terre soit maintenant établie avec toute la certitude que les sciences physiques comportent, cependant une preuve directe de ce phénomène doit intéresser les géomètres et les astronomes. Afin que l’on puisse comparer sur ce point la théorie aux observations, je vais donner ici l’expression de la déviation du corps à l’orient de la verticale, quelles que soient la figure de la Terre et la résistance de l’air ; je ferai voir, de plus, que sa déviation est nulle vers l’équateur.

Soient les trois coordonnées rec\operatorname{tang}les du corps, l’origine de ces coordonnées étant au centre de la Terre, supposée immobile, et l’axe des étant l’axe de rotation de cette planète. Soient le rayon mené de ce centre au point d’où le corps tombe, l’angle que forme avec l’axe de rotation, et l’angle que le plan passant par et par l’axe de la Terre forme avec le plan passant par le même axe et par l’un des axes principaux de la Terre, situés dans le plan de son équateur. En nommant les coordonnées du point d’où le corps tombe, on aura

étant l’angle que le plan passant par et par l’axe de la Terre