Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 4.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE VIII.
de la durée des éclipses des satellites.

26. Nous n’observons point immédiatement le mouvement des satellites de Jupiter autour de cette planète. Leur élongation à Jupiter, vue de la Terre, est si petite, que les plus légères erreurs dans les observations en produisent de plusieurs degrés dans leurs mouvements jovicentriques. Mais leurs éclipses offrent un moyen incomparablement plus exact pour déterminer ces mouvements, et nous devons à l’observation de ces phénomènes la connaissance de leurs inégalités. Jupiter projette derrière lui, relativement au Soleil, une ombre dans laquelle les satellites se plongent près de leurs conjonctions. L’inclinaison des orbites des trois premiers satellites à l’orbite de Jupiter et leurs distances à la planète sont telles, que ces corps s’éclipsent à chaque révolution ; mais le quatrième cesse souvent de s’éclipser, et cela, joint à la durée de sa révolution, rend ses éclipses plus rares que celles des autres satellites.

Un satellite disparaît à nos yeux avant qu’il soit entièrement plongé dans l’ombre de Jupiter. Sa lumière, affaiblie par la pénombre et parce que son disque s’enfonce de plus en plus dans l’ombre de la planète, devient insensible avant qu’il soit totalement éclipsé ; son bord, au moment où nous cessons de le voir, est donc encore à une petite distance de l’ombre de Jupiter, et, si l’on conçoit à cette distance une surface semblable à celle de l’ombre, l’immersion du satellite dans l’intérieur de cette surface et sa sortie seront pour nous le commencement et la fin de son éclipse.