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fois celui de Saturne est à très-peu près égal à deux fois celui de Jupiter : les inégalités considérables qui naissent de ce rapport, et dont on ignorait les lois et la cause, ont paru longtemps faire exception à la loi de la pesanteur universelle, et maintenant elles en sont une des preuves les plus frappantes. Il est extrêmement curieux de voir avec quelle précision les deux principales inégalités de ces planètes, dont la période embrasse plus de neuf cents années, satisfont aux observations anciennes et modernes ; les siècles à venir, en les développant, mettront de plus en plus cet accord en évidence. Pour en faciliter la comparaison aux Astronomes, j’ai porté l’approximation jusqu’aux termes dépendants du carré de la force perturbatrice, ce qui me fait espérer que les valeurs que je leur assigne s’éloigneront fort peu de celles que l’on trouvera par une longue suite d’observations continuées pendant une période entière. Ces inégalités ont sur les variations séculaires des orbes de Jupiter et de Saturne une grande influence, dont je développe les expressions analytique et numérique. Enfin la planète Uranus est assujettie à des inégalités sensibles, que je détermine, et que les observations confirment.

Le premier jour de ce siècle est remarquable par la découverte d’une planète, dont l’orbe est situé entre ceux de Jupiter et de Mars, et à laquelle on a donné le nom de Cérès. Elle ne paraît que comme une étoile de la 8e ou 9e grandeur ; son excessive petitesse rend donc insensible son action sur le système planétaire ; mais elle doit éprouver de la part des autres planètes, et principalement de Jupiter et de Saturne, des perturbations considérables qu’il importe de déterminer. C’est ce que je me propose de faire dans la suite de cet Ouvrage, lorsque l’observation aura fait connaître avec une approximation suffisante les éléments de son orbite.

Il n’y a pas encore trois siècles que Copernic introduisit le premier, dans les Tables astronomiques, le mouvement des planètes autour du Soleil ; environ un siècle après, Kepler y fit entrer les lois du mouvement elliptique, qu’il avait reconnues par l’observation, et qui ont conduit Newton à la découverte de la gravitation universelle. Depuis