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Lune, j’ai considéré l’action directe des planètes sur ce satellite, et j’ai reconnu qu’elle est très-peu sensible. Mais le Soleil, en lui transmettant leur action sur les éléments de l’orbe terrestre, rend leur influence sur les mouvements lunaires très-remarquable, et beaucoup plus grande que sur ces éléments eux-mêmes ; en sorte que la variation séculaire de l’excentricité de l’orbe terrestre est beaucoup plus sensible dans le mouvement de la Lune que dans celui de la Terre. C’est ainsi que l’action de la Lune sur la Terre, d’où résulte, dans le mouvement de cette planète, l’inégalité connue sous le nom d’équation lunaire, est, si je puis m’exprimer ainsi, réfléchie à la Lune par le moyen du Soleil, mais affaiblie à peu près dans le rapport de cinq à neuf. Cette considération nouvelle ajoute à l’action des planètes sur la Lune des termes plus considérables que ceux qui dépendent de leur action directe. Je développe les principales inégalités lunaires résultant des actions directes et indirectes des planètes sur la Lune ; vu la précision à laquelle on a porté les Tables de la. Lune, il serait utile d’y introduire ces inégalités.

La parallaxe de la Lune, l’excentricité et l’inclinaison de son orbite à l’écliptique vraie, et généralement les coefficients de toutes les inégalités lunaires sont pareillement assujettis à des variations séculaires ; mais elles sont jusqu’à présent très-peu sensibles. C’est la raison pour laquelle on retrouve aujourd’hui la même inclinaison que Ptolémée avait conclue de ses observations, quoique l’obliquité de l’écliptique à l’équateur ait diminué sensiblement depuis cet astronome, en sorte que la variation séculaire de cette obliquité n’affecte que les déclinaisons de la Lune. Cependant, le coefficient de l’équation annuelle ayant pour facteur l’excentricité de l’orbe terrestre, sa variation est assez grande pour y avoir égard dans le calcul des anciennes éclipses.

Les nombreuses comparaisons que Bürg et Bouvard ont faites des Tables de Mason avec les observations lunaires de la fin du XVIIe siècle par La Hire et Flamsteed, du milieu du xviiie par Bradley, et avec la suite non interrompue des observations de Maskelyne depuis Bradley jusqu’à ce jour, présentent un résultat auquel on était loin de s’at-