Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 3.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en latitude, en concevant que l’orbe lunaire, au lieu de se mouvoir uniformément sur l’écliptique avec une inclinaison constante, se meut avec les mêmes conditions sur un plan très-peu incliné à l’écliptique, et passant constamment par les équinoxes, entre l’écliptique et l’équateur, phénomène que nous retrouverons d’une manière encore plus sensible dans la théorie des satellites de Jupiter. Ainsi, cette inégalité diminue l’inclinaison de l’orbite lunaire à l’écliptique lorsque le nœud ascendant de cette orbite coïncide avec l’équinoxe du printemps ; elle l’augmente lorsque ce nœud coïncide avec l’équinoxe d’automne, ce qui, ayant eu lieu en 1755, a rendu trop grande l’inclinaison que Mason a déterminée par les observations de Bradley, de 1750 à 1750. En effet, Bürg, qui l’a déterminée par des observations faites dans un plus long intervalle, et en ayant égard à l’inégalité précédente, a trouvé une inclinaison plus petite de Cet astronome a bien voulu, à ma prière, déterminer le coefficient de cette inégalité par un très-grand nombre d’observations, et il l’a trouvé égal à  ; il en résulte pour l’aplatissement de la Terre, le même à très-peu près que donne l’inégalité précédente du mouvement en longitude. Ainsi la Lune, par l’observation de ses mouvements, rend sensible à l’Astronomie perfectionnée l’ellipticité de la Terre, dont elle fit connaître la rondeur aux premiers astronomes par ses éclipses. Les expériences du pendule semblent indiquer un aplatissement un peu moindre, comme on l’a vu dans le Livre III : cette différence peut dépendre des termes par lesquels la Terre s’écarte de la figure elliptique, et qui, peu sensibles dans l’expression de la longueur du pendule, deviennent insensibles à la distance de la Lune.

Les deux inégalités précédentes méritent toute l’attention des observateurs, car elles ont sur les mesures géodésiques l’avantage de donner l’aplatissement de la Terre d’une manière moins dépendante des irrégularités de sa figure. Si la Terre était homogène, elles seraient beaucoup plus grandes que suivant les observations, qui concourent ainsi avec les phénomènes de la précession des équinoxes et de la variation