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des Tables à l’égard du mouvement en latitude : les approximations de ce mouvement sont plus simples et plus convergentes que celles du mouvement en longitude, et la plus grande différence entre les coefficients de mon analyse et ceux des Tables n’est que de six secondes, en sorte que l’on peut regarder cette partie des Tables comme étant donnée par la théorie elle-même. Quant à la troisième coordonnée de la Lune ou à sa parallaxe, on a préféré avec raison d’en former les Tables uniquement par la théorie, qui, vu la petitesse des inégalités de la parallaxe lunaire, doit les donner plus exactement que les observations. Les différences entre mes résultats sur cet objet et ceux des Tables sont donc celles qui existent entre ma théorie et celle de Mayer, suivie dans ce point par Mason et Bürg ; elles sont si petites qu’elles méritent peu d’attention ; mais, comme ma théorie se rapproche plus de l’observation que celle de Mayer, à l’égard du mouvement en longitude, j’ai lieu de penser qu’elle jouit du même avantage à l’égard des inégalités de la parallaxe.

Les mouvements du périgée et des nœuds de l’orbe lunaire offrent encore un moyen de vérifier la loi de la pesanteur. Leur première approximation n’avait donné d’abord aux géomètres que la moitié du premier de ces mouvements, et Clairaut en avait conclu qu’il fallait modifier cette loi, en lui ajoutant un second terme ; mais il fit ensuite l’importante remarque qu’une approximation ultérieure rapprochait la théorie de l’observation. Le mouvement conclu de mon analyse ne diffère pas du véritable de sa quatre-cent-quarantième partie : la différence n’est pas d’un trois-cent-cinquantième à l’égard du mouvement des nœuds.

De là il suit incontestablement que la loi de la gravitation universelle est l’unique cause des inégalités de la Lune, et, si l’on considère le grand nombre et l’étendue de ces inégalités et la proximité de ce satellite à la Terre, on jugera qu’il est de tous les corps célestes le plus propre à établir cette grande loi de la nature et la puissance de l’analyse, de ce merveilleux instrument sans lequel il eût été impossible à l’esprit humain de pénétrer dans une théorie aussi compliquée, et qui