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CHAPITRE VI.
de la figure de l’anneau de saturne..

44. L’anneau de Saturne est une couronne circulaire d’une très-mince épaisseur, dont le centre est le même que celui de la planète, et dont la largeur paraît être environ le tiers du diamètre de Saturne, la distance du bord intérieur à la surface de cette planète étant à peu près égale à cette largeur. La surface de l’anneau est divisée en deux parties pre’sque égales par une bande obscure qui lui est concentrique, et qui prouve que l’anneau est formé de deux anneaux concentriques, et même d’un plus grand nombre, si l’on s^en rapporte aux observations de Short, qui assure avoir aperçu, avec un fort télescope, la surface de l’anneau extérieur divisée par des bandes obscures qui lui sont concentriques. Nous supposerons, comme dans les recherches précédentes, qu’une couche infiniment mince de fluide, répandue sur la surface de ces anneaux,y serait en équilibre en vertu des forces dont elle serait animée ; il est, en eff’et, contre toute vraisemblance de supposer que ces anneaux ne se soutiennent autour de Saturne que par l’adhérence de leurs molécules ; car alors leurs parties les plus voi\sines de la planète, sollicitées par l’action toujours renaissante de la pesanteur, se seraient, à la longue, détachées des anneaux, qui, par une dégradation insensible, auraient fini par se détruire, ainsi que tous les ouvrages de la nature qui n’ont point opposé des forces suffisantes à l’action des causes étrangères. C’est par les conditions de l’équilibre de ce fluide que nous allons déterminer la figure des anneaux.

On peut concevoir chaque anneau comme produit par la révolution