Une remarque importante est que la même attraction moléculaire agit d’une manière très différente dans les phénomènes chimiques et dans les phénomènes capillaires. Dans les premiers, elle exerce toute son énergie ; elle est très faible dans les seconds et dépend de la courbure des espaces capillaires qui renferment les liquides. L’effet chimique de l’attraction est exprimé par l’intégrale de la différentielle de la distance, multipliée par une fonction qui dépend de cette attraction, et qui diminue avec une extrême rapidité quand la distance augmente. L’intégrale du produit de la même différentielle par la distance, divisée par le rayon de courbure de l’espace, exprime l’effet capillaire. Il est facile d’en conclure que cet effet est d’un ordre très inférieur à celui de l’effet chimique, quand la distance à laquelle l’attraction devient insensible est très petite relativement au rayon de courbure.
Dans la nature, les molécules des corps sont animées de deux forces contraires : leur attraction mutuelle et la force répulsive de la chaleur. Quand les liquides sont placés dans le vide, ces deux forces se font à très peu près équilibre ; si elles suivaient la même loi de variation relativement à la distance, l’intégrale qui exprime l’effet capillaire serait insensible ; mais si les lois de leur variation sont différentes, et si, comme cela est nécessaire pour la stabilité de l’équilibre, la force répulsive de la chaleur décroit plus rapidement que la force attractive, alors l’expression intégrale des effets capillaires est sensible, dans le cas même où l’expression intégrale des effets chimiques devient nulle, et les phénomènes capillaires ont lieu dans le vide comme dans l’air, conformément à l’expérience : la théorie que j’ai donnée de ces phénomènes embrasse l’action des deux forces dont je viens de parler, en prenant pour l’expression intégrale de l’effet capillaire la différence des deux intégrales relatives à l’attraction moléculaire et à la force répulsive de la chaleur, ce qui répond à l’objection du savant physicien M. Young, qui reproche à cette théorie de ne point considérer cette dernière force.
Comment ces forces attractives et répulsives dont l’action est si dif-