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précise des observations sur lesquelles cette détermination est fondée, et surtout incertitude des observations elles-mêmes. Il suffirait de remonter de cinquante-quatre ans au delà de 1100 avant notre ère, pour faire disparaître cette différence, et alors l’observation se rapporterait au temps de Ou-en-ouang, père de Tcheou-kong, et que le P. Gaubil nous dit avoir beaucoup aimé et cultivé l’Astronomie. Les astronomes chinois déterminaient l’instant du solstice, en observant des longueurs égales de l’ombre du gnomon, quarante ou cinquante jours avant et après le solstice ; et sur cela, il peut y avoir déjà quelque erreur dans la détermination de Tcheou-kong. Mais la plus grande erreur à craindre dans cette détermination est dans la manière de rapporter le solstice aux étoiles. Pour y parvenir on observait, la nuit, l’instant du passage au méridien des étoiles qui y passaient douze heures après l’instant du solstice ; on pouvait déterminer ainsi l’ascension droite du point opposé au solstice d’été, et par conséquent celle du solstice d’hiver. Mais pour cela, il fallait mesurer un intervalle de douze heures. Il paraît qu’on se servait de clepsydres ; on mesurait le temps qu’un vase employait à se remplir à diverses hauteurs, en y faisant couler l’eau d’un vase plus élevé (Traité de l’Astronomie chinoise du P. Gaubil, publié par le P. Souciet, 1re Partie, p. 37). On sent combien ce moyen de mesurer le temps offre d’incertitude, et trois minutes d’erreur sur un intervalle de douze heures suffisent pour expliquer l’erreur de la détermination de Tcheou-kong. Les astronomes chinois se servaient encore de la position de la Lune par rapport aux étoiles, dans les éclipses de Lune, pour avoir celle du Soleil, et par conséquent aussi celle du solstice d’hiver, où ils fixaient le commencement de leur année.

Il faut descendre de mille ans, depuis l’époque de Tcheou-kong, pour avoir une seconde observation des ombres solsticiales du gnomon à la Chine. Vers l’an 104 avant notre ère, les astronomes Lieou-hiang et Lo-hia-hong observèrent la longueur de l’ombre d’un gnomon de pieds aux solstices d’hiver et d’été ; ils la trouvèrent de pieds pouce fen, ou de au premier de ces solstices,