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scrit précieux envoyé de Chine par le même P. Gaubil, en 1731, et que j’ai publié dans la Connaissance des Temps de 1809.

La plus ancienne observation qui nous soit parvenue relativement à l’obliquité de l’écliptique est celle de Tcheou-kong, frère de Vouvang, empereur de la Chine, et qui, vers l’an 1100 avant notre ère, s’occupait, avec un soin particulier, d’observations astronomiques. Après la mort de son frère, il fut régent de l’empire, et sa mémoire est encore en grande vénération à la Chine, comme étant celle de l’un des meilleurs princes qui l’aient gouvernée. Ses observations sur la longueur du gnomon aux solstices sont les plus anciennes observations astronomiques dont on puisse faire usage. Toutes les observations antérieures d’éclipses ou de solstices qui nous ont été transmises sont rapportées d’une manière trop vague pour qu’elles puissent servir aux déterminations astronomiques ; elles sont propres seulement à éclairer la Chronologie, et, pour avoir d’autres observations véritablement utiles à l’Astronomie, il faut descendre de l’époque de Tcheou-kong à l’éclipse de la Lune observée à Babylone l’an 720 avant notre ère, et rapportée dans l’Almageste de Ptolémée. Cette grande antiquité des observations de Tcheou-kong et leur importance me font espérer que l’on suivra avec intérêt les détails dans lesquels je vais entrer à leur égard. Voici d’abord ce que le P. Gaubil rapporte dans son Histoire de l’Astronomie ancienne des Chinois, insérée dans le Tome XXVI des Lettres édifiantes, page 142 :

« Tcheou-kong, de même que son père le prince Ou-en-ouang et un de ses ancêtres, le prince Kong+hieou dont on a parlé, aimait à observer les ombres des gnomons. À la ville de Tching-tcheou, il traça une méridienne avec soin ; il nivela le lieu de l’observation, il mesura l’ombre avant midi, après midi ; la nuit, il observa l’étoile polaire. Ce prince fit faire aussi des observations à des lieux à l’ouest, à l’est, au nord, au sud de Tching-tcheou.

À la ville de Tching-tcheou, un gnomon de pieds donnait, au midi du jour du solstice d’été, une ombre de pied pouces. La déclinaison du Soleil étant supposée de l’observation de