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en résulte que la résistance de l’éther et la transmission successive de la gravité n’ont produit jusqu’ici aucune altération sensible dans les mouvements des corps célestes ; car, si elles avaient quelque influence sur l’équation séculaire du moyen mouvement de la Lune, elles la rapprocheraient de l’équation séculaire du mouvement de son apogée et l’éloigneraient de celle du mouvement du nœud, en sorte que ces trois équations ne seraient point dans le rapport constant des nombres et rapport que donne la théorie de la pesanteur, et que les observations confirment.

Ces variations des mouvements séculaires de la Lune peuvent répandre des lumières sur le temps de la formation des Tables astronomiques, dont l’origine est inconnue ; car il est visible que si, dans ces Tables, les mouvements séculaires de la Lune, par rapport au Soleil, à son apogée et à ses nœuds, sont plus rapides que suivant les Tables de Ptolémée, cela indique qu’elles sont moins anciennes que ces dernières Tables, puisque ces trois mouvements s’accélèrent de siècle en siècle. En comparant ainsi les mouvements séculaires des Tables indiennes que Le Gentil a rapportées de l’Inde, et qu’il a publiées dans les Mémoires de l’Académie des Sciences pour l’année 1772, IIe Partie, on trouve que les mouvements séculaires de la Lune par rapport au Soleil, à son apogée et à son nœud, sont, par ces Tables,

et, par les Tables de Ptolémée,

Les Tables indiennes sont donc moins anciennes que celles de Ptolémée ; et cette preuve, jointe à celles que j’ai données ailleurs, me paraît établir incontestablement qu’elles ont été construites, ou du moins rectifiées, postérieurement au siècle de Ptolémée.


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