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a d’abord essayé de mesurer l’attraction des hautes montagnes. Cot objet a fixé particulièrement l’attention des académiciens français envoyés au Pérou pour y mesurer un degré du méridien. Cette attraction peut se manifester, soit par le pendule, dont elle accélère la marche, soit par la déviation qu’elle produit dans la direction du fil à plomb des instruments astronomiques. Ces deux moyens ont été employés au Pérou. Il résulte de la comparaison des expériences du pendule, faites à Quito et au bord de la mer, que, par l’action des Cordillières, la pesanteur, à Quito, est plus grande qu’elle ne doit être, si l’on ne considère que l’élévation de Quito, et que cela indique dans ces montagnes une densité à peu près égale au cinquième de la moyenne densité de la Terre. Les déviations du fil à plomb ont donné un résultat peu différent. Mais l’ignorance où l’on est de la constitution intérieure de ces montagnes, la certitude que l’on a qu’elles sont volcaniques, jointe à l’incertitude des observations, ne permettent pas de prononcer sur la vraie densité spécifique de la Terre. On a donc cherché une montagne assez considérable, dont la constitution intérieure fut bien connue. Le mont Shichallin, en E\cose, a paru réunir ces avantages. M. Maskelyne observa la déviation du fil à plomb d’un instrument astronomique, de deux côtés opposés de ce mont, et il trouva la somme égale à mais il fallait ensuite déterminer la somme des attractions de toutes les parties de la montagne sur le fil, ce qui exigeait un calcul délicat, long et pénible, et l’invention d’artifices particuliers propres à le simplifier et à le rendre très précis. Tout cela fut exécuté de la manière la plus satisfaisante par M. Hutton, géomètre illustre, auquel les Sciences mathématiques sont redevables d’ailleurs d’un grand nombre de recherches importantes. Son travail sur l’objet dont il s’agit a été couronné par la Société royale de Londres, qui avait déterminé l’auteur à l’entreprendre. Il en résulte que la densité de la Terre est à celle de la montagne dans le rapport de à Pour avoir le rapport de la densité de la montagne à celle de l’eau, M. Playfair fit un examen lithologique de \cote montagne ; il la trouva formée de roches dont la densité spécifique ou relative à colle de l’eau varie