canique céleste, ces lois, relativement aux variations des distances de la Lune à la Terre. Ici je les considère, et je trouve le même accord entre l’observation et la théorie.
Le retard des plus grandes et des plus petites marées sur les instants des syzygies et des quadratures a été observé par les anciens, comme on le voit dans Pline le Naturaliste. Daniel Bernoulli, dans sa Pièce sur le flux et le reflux de la mer, couronnée en 1740 par l’Académie des Sciences, attribue ce retard à l’inertie des eaux, et peut-être encore, ajoute-t-il, au temps que l’action de la Lune, emploie à se transmettre à la Terre. Mais j’ai prouvé, dans le Livre IV de la Mécanique céleste, que, en ayant égard à l’inertie des eaux, les plus grandes marées coïncideraient avec les syzygies, si la mer recouvrait régulièrement la Terre entière. Quant au temps de la transmission de l’action de la Lune, j’ai reconnu, par l’ensemble des phénomènes célestes, que l’attraction de la matière se transmet avec une vitesse incomparablement supérieure à la vitesse même de la lumière. Il faut donc chercher une autre cause du retard dont il s’agit.
J’ai fait voir, dans le Livre cité, que ce phénomène dépend de la rapidité du mouvement de l’astre dans son orbite, combinée avec les circonstances locales du port. Nous aurons une idée juste de l’influence de ces causes, en imaginant un vaste canal communiquant avec la mer, et s’avançant dans les terres sous le méridien de son embouchure. Si l’on suppose le Soleil et la Lune mus dans le plan de l’équateur, et qu’à l’embouchure la pleine mer, arrivant à l’instant même du passage de l’astre au méridien, emploie un demi-jour à parvenir à l’extrémité du canal, il est visible qu’à ce dernier point tous les phénomènes qui ont lieu à l’embouchure se reproduisent après un demi-jour. Ainsi les maxima et les minima des marées n’auront lieu qu’un demi-jour après la syzygie et la quadrature. Si le flux lunaire, à raison de sa grandeur, mettait un trentième de jour moins que le flux solaire à parcourir le canal, le maximum à l’extrémité du canal arrivant lorsque les deux flux partiels solaire et lunaire coïncident, il correspondrait au cas où la Lune traverse le méridien, un trentième de