Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 12.djvu/488

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment des nœuds de l’orbe lunaire. C’est ce que l’on a bien voulu entreprendre. Ces nouvelles observations datent du 1er juin de l’année 1806, et depuis cette époque elles ont été continuées sans interruption jusqu’à ce jour. Elles laissent encore à désirer : elles ne se rapportent ni au même endroit du port, ni à la même échelle. Les observations des cinq premières années ont été faites au lieu du port que l’on nomme la mâture ; les autres l’ont été près du bassin ; mais le peu de distance de ces deux endroits n’a dû produire que de très légères différences, et j’ai reconnu par les observations que ces différences sont insensibles. Cependant, il vaudrait mieux faire les observations dans le même point et avec la même échelle. Il est temps enfin d’observer ce genre de phénomènes avec autant de soin que les phénomènes astronomiques.

J’ai considéré, dans ces nouvelles observations, celles de l’année 1807 et des sept années suivantes. J’ai choisi dans chaque équinoxe et dans chaque solstice les trois syzygies et les trois quadratures les plus voisines de l’équinoxe et du solstice. Dans les syzygies, j’ai pris Fexcès de la haute mer du soir sur les basses mers du matin, du jour qui précède la syzygie, du jour même de la syzygie et des quatre jours qui la suivent, parce que la plus haute mer arrive vers le milieu de cet intervalle. J’ai fait une somme des excès correspondants à chaque jour, en doublant les excès relatifs à la syzygie intermédiaire, ou la plus voi\sin\varepsilon de l’équinoxe ou du solstice. Par ce procédé, les effets des variations des distances du Soleil et de la Lune à la Terre se trouvent détruits ; car, si la Lune était, par exemple, vers son périgée, dans la syzygie intermédiaire, elle était vers son apogée dans les deux syzygies extrêmes. Les sommes d’excès qu’on obtient ainsi sont donc, à fort peu près, indépendantes des variations du mouvement et de la distance des astres. Elles le sont encore des inégalités des marées, différentes de l’inégalité dont la période est d’environ un demi-jour, et qui, dans nos ports, est beaucoup plus grande que les autres ; car, en considérant à la fois les observations des deux équinoxes et des deux solstices, les effets de la petite inégalité dont la période est à peu près d’un jour se détruisent mutuellement ; les sommes dont il s’agit sont donc unique-