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MÉMOIRE
sur
LE FLUX ET LE REFLUX DE LA MER.

Mémoires de l’Académie des Sciences, IIe Série, Tome III, année 1818 ; 1820.
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Ce phénomène mérite particulièrement l’attention des observateurs, en ce qu’il est le résultat de l’action des astres, le plus près de nous et le plus sensible, et que les nombreuses variétés qu’il présente sont très propres à vérifier la loi de la pesanteur universelle. Sur l’invitation de l’Académie des Sciences, on fit, au commencement du dernier siècle, dans le port de Brest, une suite d’observations qui furent continuées pendant six années consécutives et dont la plus grande partie a été publiée par Lalande, dans le quatrième Volume de son Astronomie. La situation de ce port est très favorable à ce genre d’observations : il communique avec la mer par un canal fort vaste, au fond duquel le port a été construit. Les irrégularités de la mer parviennent ainsi, dans ce port, très affaiblies, à peu près comme les oscillations que le mouvement irrégulier d’un vaisseau produit dans le baromètre sont atténuées par un étranglement fait au tube de cet instrument. D’ailleurs, les marées étant considérables à Brest, les variations accidentelles n’en sont qu’une faible partie : aussi l’on remarque dans les observations de ces marées, pour peu qu’on les multiplie, une grande régularité que ne doit point altérer la petite rivière qui vient se perdre dans la rade immense de ce port. Frappé de cette régularité, je priai le Gouvernement d’ordonner que l’on fit, à Brest, une nouvelle suite d’observations des marées, pendant une période entière du mouve-