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après le nombre de ces intervalles. Si l’on suppose très considérable, cet instant ne dépendra point des conditions du mouvement qui ont eu lieu à l’instant a que nous prenons pour origine du mouvement ; car toutes ces conditions ont dû bientôt disparaître par les frottements et les résistances de tout genre que la mer éprouve dans ses oscillations ; en sorte que, le mouvement de la mer finissant par n’en plus dépendre et par se rapporter uniquement aux forces actuelles qui la sollicitent, il est impossible de connaître l’état primitif de la mer par son état présent. Imaginons maintenant que, à l’instant a plus un demi-jour, toutes les conditions du mouvement de la mer aient été les mêmes qu’elles étaient dans le premier cas, à l’instant a ; puisque les forces solaires sont les mêmes et varient de la même manière dans les deux cas, il est clair que, dans le second cas, les intervalles successifs après lesquels la hauteur de la mer sera en partant de l’instant plus un demi-jour, seront, comme dans le premier cas, en sorte que, à l’instant un demi-jour, la hauteur de la mer sera Mais, puisque étant fort grand, l’état actuel de la mer est indépendant de tout ce qui a rapport à l’origine du mouvement, il est visible que l’instant un demi-jour doit coïncider avec quelques-uns des instants où la hauteur de la mer est dans le premier cas ; on doit donc avoir

étant un nombre entier ; partant

d’où il suit que l’état de la mer redevient le même après l’intervalle d’un demi-jour.

Il est vraisemblable que, en supposant la mer entière ébranlée par une cause quelconque, les résistances qu’elle éprouve anéantiraient l’effet de cette cause dans l’intervalle de quelques mois, de manière que, après cet intervalle, les marées reprendraient leur état naturel.