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points liés fixement entre eux par des droites immatérielles et invariables ; mais les lignes flexibles et inextensibles qui unissent les points peuvent être conçues comme formées de points unis par des droites immatérielles qui peuvent tourner librement autour de ces points. Cela posé, l’action des points les uns sur les autres, quand elle n’est pas immédiate, se transmet au moyen des points Un point agit sur le point qui lui est contigu ; celui-ci agit sur le point le plus voisin, et ainsi de suite jusqu’à un second point qui agit de la même manière sur un troisième. Dans ces actions réciproques, la distance mutuelle de deux points voisins reste constante ; en sorte que, en nommant la distance infiniment petite qui les sépare, et leur action mutuelle, qui, par l’égalité de l’action à la réaction, est la même pour les deux points, le produit est nul, étant une variation de compatible avec les conditions de la liaison des parties du système ; car, étant constant suivant ces conditions, est nul. Dans la nature, n’est pas rigoureusement nul, et, quelle que soit la force qui unit les points consécutifs, une force quelconque peut toujours faire varier la distance qui les sépare ; mais cette variation est d’autant moindre que la force de cohésion est plus grande ; en sorte que la rigidité et i’inextensibilité sont des abstractions qui servent de limites à ces qualités des corps. Pour concevoir l’action immédiate d’un point sur un autre point, on peut imaginer chacun de ces points au centre d’une sphère immatérielle et impénétrable qui ne permette pas à ces points de s’approcher au delà d’une limite égale à la somme des rayons des deux sphères. Dans le choc, les deux sphères se touchent, et la distance qui sépare les points est à son minimum. La variation est donc nulle, et en nommant leur action mutuelle, le produit sera nul. Ainsi la pression d’un point sur une surface peut être considérée comme le choc de ce point contre un point de la surface. En concevant ces points au centre des deux sphères que nous venons d’imaginer, la distance de ces points au moment du choc sera la somme des rayons des sphères, et elle sera perpendiculaire à la surface. Le choc ayant lieu dans la direction de