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vitesse. L’intégrale ne dépend donc que de l’action que le ravon a éprouvée de la part dés molécules dont il n’est éloigné que d’une quantité plus petite que le rayon de la sphère d’activité sensible. Ainsi, lorsqu’un rayon extraordinaire est à une distance sensible de la surface d’un cristal, et dans son intérieur, sa vitesse çst toujours la même, quelles que soient la nature de cette surface et la manière dont le rayon pénétré dans le cristal, pourvu que sa direction soit la même. Donc, si les forces qui produisent la réfraction extraordinaire sont les mêmes de tous les côtés de l’axe du cristal, la vitesse du rayon dans l’intérieur ne dépendra que de l’angle formé par sa direction avec l’axe. On voit encore que le rayon rentrant dans le vide reprendra sa vitesse primitive.

En général, toutes les forces attractives et révulsives de la nature se réduisent, en dernière analyse, à des forces semblables agissant de molécule à molécule. C’est ainsi que j’ai fait voir, dans ma Théorie de l’action capillaire, que les attractions, et répulsions des petits corps qui nagent sur un liquide, et généralement tous les phénomènes capillaires, dépendent d’attractions de molécule à molécule qui ne sont sensibles qu’à des distances imperceptibles. On a essayé pareillement de ramener à des actions de molécule à molécule les phénomènes électriques et magnétiques ; on peut y ramener encore ceux que présentent les corps élastiques. Pour déterminer l’équilibre et le mouvement d’une lame élastique naturellement rectiligne et pliée suivant une courbe quelconque, on a supposé que, dans chaque point, son ressort est en raison inverse du rayon de courbure. Mais cette loi n’est que secondaire et dérive de l’action attractive et révulsive des molécules, suivant une fonction de la distance. Pour mettre cette dérivation en évidence, il faut concevoir chaque molécule d’un corps élastique dans son état naturel en équilibre au milieu des forces attractives et révulsives qu’elle éprouve de la part des autres molécules, les forces révulsives étant dues, soit à la chaleur, soit à d’autres causes. Il faut supposer ensuite que les molécules tendent à reprendre leur position respective naturelle lorsqu’on les en écarte infiniment