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au milieu de l’intervalle qui sépare ces deux marées ; mais il est d’environ un tiers plus près du minimum que du maximum. L’heure moyenne de la marée composée est la même que celle de la marée lunaire ; en sorte que l’intervalle moyen de deux marées consécutives du matin ou du soir, dans nos ports, est d’un jour lunaire ou de Le retard moyen journalier des marées est donc de mais ce retard varie, ainsi que les hauteurs des marées, avec les phases de la Lune. Le plus petit retard coïncide avec la plus grande hauteur, et le plus grand retard coïncide avec la plus petite hauteur. La discussion d’un grand nombre d’observations des marées m’a donné le plus grand retard, égal à et le plus petit égal à Ces deux quantités dépendent du rapport des forces de la Lune et du Soleil et peuvent conséquemment servir à le déterminer. Il en résulte que la première de ces deux forces est triple de la seconde, comme nous l’avons trouvé par la comparaison de la plus grande et de la plus petite hauteur des marées. En changeant un peu ce rapport, il serait fort éloigné de satisfaire aux observations des hauteurs et des intervalles des marées, qui le donnent par conséquent avec beaucoup d’exactitude. La connaissance de cet élément est nécessaire dans l’Astronomie, à cause de son influence sur la précession et la nutation et sur l’équation lunaire des Tables du Soleil. La valeur que nous venons de lui assigner porte à la nutation que Bradley a fixée à et que plusieurs astronomes supposent de l’équation de la précession est de et l’équation lunaire est à très peu près de Enfin la masse de la Lune est environ de celle de la Terre ; et, comme son volume est à peu près de celui de la Terre, la densité de la Lune n’est qu’environ de la moyenne densité de la Terre.

On doit faire ici une remarque importante, et de laquelle dépend l’explication de plusieurs phénomènes des marées. Si les mouvements du Soleil et de la Lune étaient extrêmement lents par rapport au mouvement de rotation de la Terre, les deux marées lunaire et solaire suivraient à très peu près du même intervalle le passage de leurs astres respectifs au méridien ; mais, le mouvement journalier de la Lune dans