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se serait disposée sur la surface de niveau du bassin. Les deux flux partiels, produits par les actions du Soleil et de la Lune, s’ajoutent donc sans se troubler mutuellement, et leur somme produit le flux que nous observons dans nos ports.

De la combinaison des deux flux lunaire et solaire, naissent les phénomènes les plus remarquables des marées. Quand la pleine marée lunaire coïncide avec la pleine marée solaire, la marée totale est à son maximum ; c’est ce qui a lieu dans les syzygies, où les actions du Soleil et de la Lune concourent. Dans les quadratures, où ces deux actions sont contraires, la pleine marée lunaire coïncide avec la basse marée solaire, et la marée totale est à son minimum.

L’heure du minimum des marées est à six heures de distance du maximum, ce qui prouve que ce minimum est l’excès de la marée lunaire sur la marée solaire, et qu’ainsi l’action de la Lune sur la mer l’emporte sur l’action du Soleil. D’après un grand nombre d’observations des marées, réduites aux moyennes distances du Soleil et de la Lune, je trouve qu’à Brest la marée totale est à fort peu près de dans son maximum, et de dans son minimum. Le rapport de ces deux marées détermine celui des forces de la Lune et du Soleil sur la mer, et l’on en conclut que la première est triple de la seconde. En calculant, d’après ce rapport, les lois de la diminution et de l’accroissement des marées, lorsqu’elles commencent à s’éloigner du maximum et du minimum, on trouve leur accroissement deux fois plus rapide que leur diminution, ce qui est conforme aux observations qui, relativement à ces lois, sont représentées par la théorie avec une précision remarquable.

Les marées lunaires et solaires suivent d’un intervalle constant le passage de leurs astres respectifs au méridien. L’instant de la marée composée doit donc osciller autour de l’instant de la marée lunaire, suivant une loi dépendante des phases de la Lune et du rapport de son action à celle du Soleil. Le premier de ces instants précède le second, depuis le maximum jusqu’au minimum de la marée ; il le suit depuis le minimum jusqu’au maximum ; leur plus grand écart ne tombe pas