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ont dû trouver, par la comparaison des observations modernes aux anciennes, son mouvement séculaire trop grand de quelques minutes, de même qu’ils trouvaient le moyen mouvement de la Lune trop petit, lorsqu’ils ne tenaient point compte de son équation séculaire. En déterminant ces mouvements par l’ensemble des vingt-sept anciennes éclipses connues depuis longtemps, on trouve qu’il faut augmenter de par siècle le moyen mouvement synodique actuel de la Lune et de le moyen mouvement séculaire de son anomalie. On peut voir dans la Connaissance des Temps citée que, avec ces changements et l’équation séculaire de l’anomalie, les Tables satisfont à ces éclipses aussi bien qu’on peut l’attendre de l’imperfection de ces observations.

Les mouvements séculaires de la Lune par rapport au Soleil, à ses nœuds et à son apogée devenant de jour en jour plus rapides, leur accélération doit se manifester dans les Tables astronomiques à mesure qu’elles sont moins anciennes, et elle peut ainsi répandre des lumières sur le temps de la formation des Tables dont l’origine est inconnue. Considérons sous ce point de vue les Tables de la Lune insérées dans l’Almageste de Ptolémée. Les époques et les moyens mouvements de ces Tables sont le résultat d’immenses calculs faits par cet astronome et par Hipparque sur les éclipses de Lune. Malheureusement, le travail d’Hipparque ne nous est point parvenu ; nous savons seulement, par le témoignage de Ptolémée, qu’Hipparque avait mis le plus grand soin à choisir les éclipses les plus propres à déterminer les éléments qu’il cherchait à connaître. Ptolémée, deux siècles et demi après, ne trouva rien à changer, par de nouvelles observations, au moyen mouvement de la Lune établi par Hipparque ; il ne corrigea que très peu les mouvements des nœuds et de l’apogée : il y a donc tout lieu de croire que les éléments des mouvements lunaires des Tables de Ptolémée ont été déterminés par un très grand nombre d’éclipses, dont cet astronome n’a rapporté que celles qui lui paraissaient les plus conformes aux résultats moyens qu’Hipparque et lui avaient obtenus.

Les éclipses ne font bien connaître que le moyen mouvement syno-