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à ces molécules, son action pour troubler leur équilibre redevient la même après un intervalle de douze heures.

Présentement, on peut établir comme principe général de Mécanique que l’état d’un système de corps, dans lequel les conditions primitives du mouvement ont disparu par les résistances qu’il éprouve, est périodique comme les forces qui l’animent. L’état de l’Océan doit donc redevenir le même à chaque intervalle de douze heures, en sorte qu’il doit y avoir un flux et un reflux dans l’espace d’un demi-jour.

La loi suivant laquelle la mer s’élève et s’abaisse peut se déterminer ainsi. Concevons un cercle vertical, dont la circonférence représente un intervalle de douze heures, et dont le diamètre soit égal à la marée totale, c’est-à-dire à la différence des hauteurs de la pleine et de la basse mer ; supposons que les arcs de cette circonférence, en partant du point le plus bas, expriment les temps écoulés depuis la basse mer ; les sinus verses de ces arcs seront les hauteurs de la mer qui correspondent à ces temps.

La diminution de la marée de nos ports doit s’écarter un peu de cette loi, par la raison suivante : la mer n’y descend qu’en vertu de sa pesanteur ; elle doit donc, en s’abaissant, se mouvoir plus lentement et parvenir plus tard à sa plus petite hauteur, que loin des côtes, où elle est à la fois sollicitée pour descendre par sa pesanteur et par l’impulsion des flots qui s’éloignent des rivages. Ainsi la mer commence à remonter au loin, quoique dans le port elle continue de baisser, en vertu de la pesanteur, jusqu’à ce que, l’effet de cette force venant à être balancé par l’impulsion des flots éloignés, la marée commence à croître. La mer ne s’abaisse donc jamais jusqu’à sa plus petite hauteur déterminée par la théorie, et le temps qu’elle emploie à monter doit être un peu plus court que celui qu’elle met à descendre. Ce dernier résultat est parfaitement conforme à ce que l’on observe à Brest, où la différence de ces deux temps est d’environ un quart d’heure.

Les lois du mouvement de la mer, que nous venons d’exposer, ont généralement lieu quelles que soient sa profondeur et son étendue ;