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Les variations séculaires de excentricité de l’orbe lunaire, de son inclinaison à l’écliptique vraie et de sa parallaxe sont insensibles.

Les siècles à venir développeront les grandes inégalités dont je viens de parler, et qui produiront, un jour, des variations au moins égales au quarantième de la circonférence, dans le mouvement séculaire de la Lune, et au douzième de la circonférence, dans le mouvement séculaire de son apogée. Ces inégalités ne vont pas toujours croissant ; elles sont périodiques, comme celles de l’excentricité de l’orbe terrestre dont elles dépendent ; mais elles ne se rétablissent qu’après des millions d’années : elles doivent, à la longue, altérer les périodes imaginées pour embrasser à la fois des nombres entiers de révolutions de la Lune, par rapport à ses nœuds, à son apogée et au Soleil ; périodes qui diffèrent sensiblement dans les diverses parties de l’immense période de l’équation séculaire. La période luni-solaire de ans, dont l’origine est inconnue, a été rigoureuse à une époque à laquelle on peut remonter par l’analyse, et qui serait celle de sa formation, si l’on était certain qu’elle fût exactement déterminée.

Déjà les observations ont fait reconnaître l’équation séculaire du moyen mouvement de la Lune telle, à fort peu près, que je l’ai conclue de la loi de la pesanteur universelle, et qu’elle a été employée dans les nouvelles Tables de la Lune, insérées dans la troisième édition de l’Astronomie de Lalande ; mais on n’a point encore eu égard à l’équation séculaire de son anomalie. Pour constater son influence sur les observations anciennes, j’ai prié le citoyen Bouvard de comparer à ces Tables toutes les éclipses que Ptolémée nous a transmises et celles que les Arabes ont observées, dont un grand nombre vient d’être connu par les soins du citoyen Caussin, qui les a extraites, avec beaucoup d’autres observations, d’un manuscrit arabe très intéressant d’Ibjunis. Ce travail du citoyen Bouvard, important pour la théorie de la Lune, ne laisse aucun doute sur l’existence de l’équation séculaire de l’anomalie. Son introduction nécessite un changement dans le mouvement de l’anomalie de la Lune : car il est visible que les astronomes n’ayant point eu égard au ralentissement de l’apogée, ils