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d’observations, faites avec soin durant plusieurs années dans un port où les phénomènes de marées soient très sensibles, suivent une marche régulière et soient peu altérés par les vents. Le recueil le plus étendu dans ce genre est celui des observations des marées, faites à Brest au commencement de ce siècle, que M. de Cassini a trouvées dans les papiers de son grand-père, et que M. de la Lande a publiées dans le Tome IV de la seconde édition de son Astronomie. J’ai fait usage de ces observations ; en les discutant, elles m’ont offert une régularité si frappante, eu égard à toutes les causes qui peuvent la troubler, que je ne balance point à indiquer le port de Brest comme l’un des plus favorables aux observations des marées, si l’on veut les suivre avec le soin que l’on a mis à déterminer les autres phénomènes du système du monde. Ce port doit probablement cet avantage à sa position avancée dans la mer, et surtout à ce que sa rade ayant une entrée fort étroite, relativement à son étendue, les oscillations irrégulières des eaux de la mer sont par là très affaiblies. Jacques Cassini s’était contenté de donner, dans nos Mémoires, les conséquences qu’il avait tirées des observations dont je viens de parler. Sur cela, je remarquerai combien il est utile de publier les observations originales ; souvent la théorie mieux connue des phénomènes rend intéressants ceux qui d’abord avaient été négligés comme ayant paru de peu d’importance ; c’est ce que j’ai moi-même éprouvé dans ces recherches. Le Recueil cité ne contient point d’observations sur la loi suivant laquelle la mer monte et descend à Brest ; j’y ai suppléé par des observations très détaillées, que l’on a bien voulu faire dans ce port, à ma prière.

Dans ce genre d’observations, où mille causes accidentelles peuvent altérer la marche de la nature, il est nécessaire d’en considérer à la fois un grand nombre, afin que, les effets des causes passagères venant à se compenser les uns par les autres, les résultats moyens ne laissent apercevoir que les phénomènes réguliers ou constants. Il faut encore, par une combinaison avantageuse des observations, faire ressortir les phénomènes que l’on veut déterminer et les séparer des autres, pour les mieux connaître. C’est la méthode que j’ai suivie ; en s’en écartant,