animent ; mais la recherche des oscillations qui résultent de ce mouvement, combiné avec l’action du Soleil et de la Lune, offrait des difficultés supérieures aux connaissances que l’on avait alors dans l’Analyse et sur le mouvement des fluides. Aidé des découvertes que l’on a faites depuis sur ces deux objets, j’ai repris, dans nos Mémoires pour les années 1775 et 1776 [1], ce problème, le plus épineux de toute la Mécanique céleste. Les seules hypothèses que je me suis permises sont que la mer inonde la Terre entière, et qu’elle n’éprouve que de légers obstacles dans ses mouvements. Toute ma théorie est d’ailleurs rigoureuse et fondée sur les principes du mouvement des fluides. En me rapprochant ainsi de la nature, j’ai eu la satisfaction de voir que mes résultats se rapprochaient des observations, surtout à l’égard du peu de différence qui existe entre les deux marées d’un même jour, vers les syzygies des solstices, différence qui, suivant la théorie de Newton, serait très considérable dans nos ports. Ces résultats, quoique fort étendus, sont encore restreints par les suppositions précédentes et ne représentent pas exactement les observations. La manière dont l’Océan est répandu sur la surface de la Terre, l’irrégularité de sa profondeur, la position et la pente des rivages, leurs rapports avec les côtes qui les avoisinent, les courants, les résistances que les eaux de la mer éprouvent, toutes ces causes, qu’il est impossible d’assujettir au calcul, modifient les mouvements de cette grande masse fluide. Tout ce que nous pouvons faire est d’analyser les phénomènes généraux des marées qui doivent résulter des forces attractives du Soleil et de la Lune, et de tirer des observations les données dont la connaissance est indispensable pour compléter, dans chaque port, la théorie du flux et du reflux de la mer. Ces données sont autant d’arbitraires dépendantes de l’étendue de la mer, de sa profondeur et des circonstances locales du port.
La théorie des oscillations de l’Océan envisagée sous ce point de vue, et sa correspondance avec les observations sont l’objet de cet Ouvrage. Pour le remplir, il était nécessaire d’avoir un grand nombre
- ↑ Œuvres de Laplace, T. IX.