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MÉMOIRE
sur le
FLUX ET REFLUX DE LA MER.

Mémoires de l’Académie royale des Sciences de Paris, année 1790
an V (1797).
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I.

Les rapports des phénomènes des marées aux mouvements du Soleil et de la Lune ont été connus des anciens, et indiqués par Pline le naturaliste avec une précision remarquable pour son temps ; mais la vraie cause de ces phénomènes a été, pour la première fois, exposée par Newton dans son admirable Ouvrage des Principes. Ce grand géomètre, ayant découvert la loi de la gravitation universelle, aperçut bientôt que les mouvements des eaux de la mer étaient une suite de leur inégale pesanteur vers le Soleil et vers la Lune. Pour en déterminer les lois, il supposa la mer en équilibre à chaque instant sous l’action de ces deux astres, et cette hypothèse, qui facilité extrêmement les calculs, lui donna des résultats conformes, à beaucoup d’égards, aux observations. L’Académie des Sciences proposa cette matière pour le sujet d’un prix, en 1740. Les pièces couronnées renferment des développements de la théorie newtonienne, fondés sur la même hypothèse de la mer en équilibre sous l’action des astres qui l’attirent. Il est visible cependant que la rapidité du mouvement de rotation de la Terre empêche les eaux qui la recouvrent de prendre, à chaque instant, la figure qui convient à l’équilibre des forces qui les