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DES PLANÈTES ET DES SATELLITES.

que la différence des moyens mouvements du premier et du second satellite est égale à deux fois la différence des moyens mouvements du second et du troisième ; mais ce rapport est incomparablement plus exact que les précédents, et les moyens mouvements des Tables en approchent tellement qu’il faut un très long intervalle pour que la petite quantité dont elles s’en éloignent puisse devenir sensible. De là naissent plusieurs phénomènes constants dans la configuration des trois premiers satellites ;. telle est, entre autres, l’impossibilité de les voir s’éclipser à la fois, d’ici à un grand nombre de siècles, et, si l’on part des moyens mouvements et des époques que M. Wargentin a employées dans ses Tables, on trouve que cela ne peut arriver qu’après ans (Mémoires d’Upsal, année 1743, p. 41). Une différence de six tierces dans le mouvement annuel du second satellite suffirait pour rendre ce phénomène à jamais impossible, et M. Wargentin ne répond qu’à une ou deux secondes près des mouvements annuels dont il a fait usage.

Maintenant on peut établir comme une règle générale que, si le résultat d’une longue suite d’observations précises approche d’un rapport simple de manière que la différence soit inappréciable par les observations et puisse être attribuée aux erreurs dont elles sont susceptibles, ce rapport est probablement celui de la nature. Ainsi les observations n’ayant fait apercevoir aucune différence entre les moyens mouvements de révolution de la Lune sur elle-même et autour de la Terre, on est fondé à supposer que ces deux mouvements sont rigoureusement les mêmes. En appliquant cette règle aux mouvements des trois premiers satellites de Jupiter, nous pouvons en conclure, avec une grande probabilité, que la différence des moyens mouvements du premier et du second est exactement égale au double de la différence des moyens mouvements du second et du troisième. Cette égalité n’est pas l’effet du hasard, et il est contre toute vraisemblance de supposer que ces trois corps ont été placés primitivement aux distances qu’elle exige ; il est donc naturel de penser que leur attraction mutuelle en est la véritable cause. C’est ainsi que l’action