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DES PLANÈTES ET DES SATELLITES.

le renouvellement de l’Astronomie, on trouve constamment le mouvement de Jupiter plus rapide et celui de Saturne plus lent que par la comparaison des observations modernes avec les anciennes, llallev, dans les Tables de Jupiter, emploie une équation séculaire, additive au moyen mouvement, proportionnelle au carré du temps, et de en deux mille ans. Cela suppose qu’en comparant les observations modernes entre elles, il a trouvé le mouvement annuel de Jupiter plus grand de que par leur comparaison avec les anciennes observations. Ce grand astronome emploie pareillement, dans ses Tables de Saturne, une équation séculaire, soustractive du moyen mouvement de en deux mille ans, ce qui indique que la comparaison des observations modernes entre elles lui a donné le mouvomont annuel de Saturne moindre de que celui qui résulte de leur comparaison avec les anciennes. En effet, les oppositions de Saturne de 1594, 1595, 1596 et 1597, comparées à celles de 1713, 1714, 1715, 1716 et 1717, donnent un mouvement annuel plus petit de que les oppositions de 1714 et de 1715, comparées à celle de l’an 228 avant notre ère.

Dans l’impossibilité d’expliquer ces variations par l’action seule des planètes, je soupçonnai d’abord que l’action des comètes en était la cause ; mais, en les considérant ensuite avec attention, leur marchf me parut s’accorder si bien avec le résultat de l’action des planètes, que j’abandonnai cette hypothèse. Une propriété générale de l’action des planètes entre elles est que, si l’on n’a égard qu’aux quantités qui ont de très longues périodes, la somme des masses de chaque planète, divisées respectivement par les grands axes de leurs orbites, reste toujours à très peu près constante, d’où il suit que les carrés des moyens mouvements étant réciproques aux cubes de ces axes, si le mouvement de Saturne se ralentit par l’action de Jupiter, celui de Jupiter doit s’accélérer par l’action de Saturne, ce qui est conforme à ce que l’on observe. De plus, en supposant, avec M. de la Grange, que, la masse du Soleil étant l’unité, celle de Jupiter est et celle