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la chaleur, des phénomènes entièrement semblables à ceux que nous offrent beaucoup d’autres combinaisons chimiques, et, en particulier, celle de l’eau avec la chaux vive ; et, ce qui rend l’identité plus parfaite, c’est que dans cette dernière combinaison il y a dégagement de lumière. En comparant la chaleur dégagée par la combustion du charbon avec la quantité d’air fixe qui se forme dans cette combustion, on a la chaleur développée dans la formation d’une quantité donnée d’air fixe ; si l’on détermine ensuite la quantité d’air fixe qu’un animal produit dans un temps donné, on aura la chaleur qui résulte de l’effet de sa respiration sur l’air. Il ne s’agira plus que de comparer cette chaleur avec celle qui entretient sa chaleur animale, et que mesure la quantité de glace qu’il fond dans l’intérieur de nos machines ; et si, comme nous l’avons trouvé par les expériences précédentes, ces deux quantités de chaleur sont à peu près les mêmes, on peut en conclure, directement et sans hypothèse, que c’est au changement de l’air pur en air fixe par la respiration qu’est due, au moins en grande partie, la conservation de la chaleur animale. Nous nous proposons de répéter et de varier ces expériences, en déterminant les quantités de chaleur renouvelées par diverses espèces d’animaux, et en examinant si dans tous cette quantité de chaleur est constamment proportionnelle aux quantités d’air fixe produites par la respiration. Les oiseaux paraissent préférables aux quadrupèdes pour ce genre d’expériences, en ce qu’ils forment dans le même temps, et à volume égal, une plus grande quantité d’air fixe ; ainsi, par exemple, nous avons observé que deux moineaux francs consomment à peu près autant d’air pur qu’un cochon d’Inde.

Pour compléter cette théorie de la chaleur animale, il resterait à expliquer pourquoi les animaux, quoique placés dans des milieux de température et de densités très différentes, conservent toujours à peu près la même chaleur, sans cependant convertir en air fixe des quantités d’air pur proportionnelles à ces différences ; mais l’explication de ces phénomènes tient à l’évaporation plus ou moins grande des hu-