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la première est la rapidité de la circulation du sang, qui transmet promptement jusqu’aux extrémités du corps la chaleur qu’il reçoit dans les poumons ; la seconde cause est l’évaporation que la chaleur produit dans ces organes, et qui diminue le degré de leur température ; enfin, la troisième tient à l’augmentation observée dans la chaleur spécifique du sang, lorsque, par le contact de l’air pur, il se dépouille de la base de l’air fixe qu’il renferme : une partie de la chaleur spécifique développée dans la formation de l’air fixe est ainsi absorbée par le sang, sa température restant toujours la même ; mais, lorsque dans la circulation le sang vient à reprendre la base de l’air fixe, sa chaleur spécifique diminue, et il développe de la chaleur ; et, comme cette combinaison se fait dans toutes les parties du corps, la chaleur qu’elle produit contribue à entretenir la température des parties éloignées des poumons, à peu près au même degré que celle de ces organes. Au reste, quelle que soit la manière dont la chaleur animale se répare, celle que dégage la formation de l’air fixe en est la cause première ; ainsi nous pouvons établir la proposition suivante :

Lorsqu’un animal est dans un état permanent et tranquille y lorsqu’il peut vivre pendant un temps considérable sans souffrir dans le milieu qui l’environne, en général, lorsque les circonstances dans lesquelles il se trousse n’altèrent point sensiblement son sang et ses humeurs, de sorte que, après plusieurs heures, le système animal n’éprouve point de variation sensible, la conservation de la chaleur animale est due, au moins en grande partie, à la chaleur que produit la combinaison de l’air pur respiré par les animaux avec la base de l’air fixe que le sang lui fournit.

La méthode qui vient de nous conduire à ce résultat est indépendante de toute hypothèse, et c’est là son principal avantage : soit que la chaleur vienne de l’air pur, soit qu’elle vienne des corps qui se combinent avec lui, on ne peut douter que, dans la combinaison de l’air pur avec la base de l’air fixe, il ne se développe une quantité considérable de chaleur ; cette combinaison présente, relativement à