Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 10.djvu/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

onces en dix heures. Cette quantité de glace fondue représente donc à peu près la chaleur renouvelée, dans le même intervalle de temps, par les fonctions vitales du cochon d’Inde : il faut peut-être la diminuer d’une ou deux onces, ou même davantage, par cette considération que les extrémités du corps de l’animal se sont refroidies dans la machine, quoique l’intérieur du corps ait conservé à peu près la même température ; d’ailleurs, les humeurs que sa chaleur intérieure a évaporées ont fondu en se refroidissant une petite quantité de glace, et se sont réunies à l’eau qui s’est écoulée de la machine.

En diminuant de environ cette quantité de glace, on aura la quantité fondue par l’effet de la respiration de l’animal sur l’air ; or, si l’on considère les erreurs inévitables dans ces expériences et dans les éléments dont nous sommes partis pour les calculer, on verra qu’il n’est pas possible d’espérer un plus parfait accord entre ces résultats. Ainsi on peut regarder la chaleur qui se dégage dans le changement de l’air pur en air fixe par la respiration comme la cause principale de la conservation de la chaleur animale, et, si d’autres causes concourent à l’entretenir, leur effet est peu considérable.

La respiration est donc une combustion, à la vérité fort lente, mais d’ailleurs parfaitement semblable à celle du charbon ; elle se fait dans l’intérieur des poumons sans dégager de lumière sensible, parce que la matière du feu devenue libre est aussitôt absorbée par l’humidité de ces organes : la chaleur développée dans cette combustion se communique au sang qui traverse les poumons, et de là se répand dans tout le système animal. Ainsi l’air que nous respirons sert à deux objets, également nécessaires à notre conservation : il enlève au sang la base de l’air fixe dont la surabondance serait très nuisible, et la chaleur que cette combinaison dépose dans les poumons répare la perte continuelle de chaleur que nous éprouvons de la part de l’atmosphère et des corps environnants.

La chaleur animale est à peu près la même dans les différentes parties du corps ; cet effet parait dépendre des trois causes suivantes :