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inférieure de la cloche au commencement et à la fin de l’expérience.

Nous avons ensuite déterminé exactement la quantité d’air fixe produite par un cochon d’Inde lorsqu’il respire l’air même de l’atmosphère ; pour cela, nous en avons mis un sous un bocal à travers lequel nous avons établi un courant d’air atmosphérique. L’air, comprimé dans un appareil fort commode pour cet objet, entrait sous le bocal par un tube de verre et en sortait par un second tube recourbé, dont la partie concave plongeait dans le mercure et dont l’extrémité inférieure aboutissait dans un flacon rempli d’alcali caustique ; il en sortait ensuite par un troisième tube qui lui-même aboutissait dans un second flacon plein d’alcali caustique, et de là se répandait dans l’atmosphère : l’air fixe formé par l’animal dans l’intérieur de la cloche était retenu en grande partie par l’alcali caustique du premier flacon, et celui qui échappait à cette combinaison était absorbé par l’alcali du second flacon ; l’augmentation du poids des flacons nous faisait connaître le poids de l’air fixe qui s’y était combiné. Dans l’intervalle de trois heures, le poids du premier flacon a augmenté de grains, celui du second flacon a augmenté de grains ; ainsi le poids total des deux flacons a augmenté de grains. En supposant cette quantité d’air fixe uniquement due à la respiration de l’animal, il aurait pendant dix heures formé d’air fixe, ce qui diffère de environ du résultat de l’expérience précédente ; cette différence peut tenir à la différence de grosseur et de force des deux animaux et à leur état momentané durant l’expérience.

Si les vapeurs de la respiration emportées par le courant d’air se fussent déposées dans les flacons, l’augmentation de poids de l’alcali caustique n’aurait pas donné la quantité d’air fixe produite par l’animal ; c’est pour obvier à cet inconvénient que nous avons employé un tube recourbé, dont la partie concave plongeait dans le mercure ; les vapeurs de la respiration se condensaient contre les parois de cette partie du tube et se rassemblaient dans sa concavité, en sorte qu’à son entrée dans le premier flacon l’air n’en était pas sensiblement