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stance s’y est combiné sans un dégagement très sensible de chaleur ; il doit, par conséquent, occasionner un froid peu considérable en reprenant son état aériforme. À mesure qu’il le reprend, la base de l’air fixe que contient le charbon s’en empare et le convertit en air fixe ; il doit donc se développer dans cette circonstance une quantité de chaleur à peu près égale à celle qui se dégage dans la combinaison directe du charbon avec l’air pur. Le froid occasionné par le passage de l’air pur à l’état aériforme, dans la détonation du nitre, produit une petite différence entre ces quantités de chaleur, et cette différence est égale à la quantité de chaleur que dégage l’air pur en se combinant dans l’acide nitreux ; on pourrait la déterminer par l’expérience précédente si les éléments dont nous sommes partis étaient exacts, et l’on trouverait que, dans la combinaison d’une once d’air pur pour former l’acide nitreux, la quantité de chaleur qui se développe peut fondre onces de glace ; mais ces éléments sont trop incertains pour pouvoir ainsi déterminer avec précision cette quantité de chaleur. Quoi qu’il en soit, on peut conjecturer avec vraisemblance que le nitre doit à la chaleur qui y est combinée sa propriété de détoner avec les substances qui peuvent s’unir à l’air pur, propriété que n’ont point d’autres substances, telles que les sels phosphoriques qui cependant renferment une grande quantité du même air, mais qui ne se combinent avec lui qu’en dégageant une chaleur considérable.

Pour déterminer les altérations que la respiration des animaux occasionne à l’air pur, nous avons rempli de ce gaz la cloche de l’appareil précédent, et nous y avons introduit différents cochons d’Inde, à peu près de la même grosseur que celui qui nous a servi dans notre expérience sur la chaleur animale. Dans une de ces expériences, la cloche renfermait, avant que l’on y mît le cochon d’Inde, d’air pur ; cet animal y est resté pendant une heure et un quart. Pour l’introduire sous la cloche, nous l’avions fait passer à travers le mercure ; nous l’en avons retiré de la même manière, et, après avoir laissé refroidir l’air intérieur jusqu’au degré de température de l’atmo-