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dessus de laquelle il avait séjourné pendant plusieurs mois ; cette adhésion intime de l’air fixe à l’air pur nous porte à croire que, même après l’absorption de l’air fixe par l’alcali caustique dans nos expériences, l’air restant contenait encore un peu d’air fixe, que nous pouvons, sans erreur sensible, évaluer à de son volume total. Dans cette hypothèse, pour avoir le volume de tout l’air pur consommé par le charbon, il faut prendre la différence du volume de l’air avant la combustion au volume de l’air restant après l’absorption par l’alcali caustique et diminuer cette différence de sa partie ; en retranchant pareillement cette même quantité du volume de l’air absorbé par l’alcali caustique, on aura le volume de l’air fixe formé par la combustion : on trouvera ainsi qu’une once de charbon, en brûlant, consomme d’air pur et forme d’air fixe, et, si l’on désigne par l’unité le volume de l’air pur consommé, son volume après la combustion sera réduit à

Pour évaluer en poids ces volumes d’air pur et d’air fixe, il faut connaître ce que pèse un pouce cube de l’un et de l’autre de ces airs ; or on a observé que l’air pur est un peu plus pesant que l’air atmosphérique, environ dans le rapport de à Le poids de l’air atmosphérique a été déterminé fort exactement par M. de Luc. En partant de ces déterminations, on trouve qu’à de température et à la pression de pouces du baromètre un pouce cube d’air déphlogistiqué pèse M. Lavoisier a observé qu’à la même température et à la même pression pouce cube d’air fixe pèse à très peu près de grain. D’après ces résultats, une once de charbon en brûlant consomme d’air pur et forme d’air fixe. Ainsi, sur parties d’air fixe, il y a parties environ d’air pur et partie d’un principe fourni par le charbon et qui est la base de l’air fixe ; mais une détermination aussi délicate exige un plus grand nombre d’expériences.

On a vu précédemment qu’une once de charbon en brûlant fond livres onces de glace ; d’où il est facile de conclure que, dans la combustion du charbon, l’altération d’une once d’air pur peut fondre