Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 10.djvu/207

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chaleur. Cela posé, le plus grand Froid que puisse produire le mélange de l’acide avec la glace est celui auquel Tacide concentré au degré cesse de dissoudre la glace ; on peut déterminer ce maximum de froid, sans le produire, en observant, à des degrés de froid moindres, la loi qui existe entre les degrés du thermomètre et les degrés correspondants de concentration auxquels Tacide cesse de dissoudre la glace.

Article IV.
De la combustion et de la respiration.

Jusqu’à ces derniers temps, on n’avait eu que des idées vagues et très imparfaites sur les phénomènes de la chaleur qui se dégage dans la combustion et dans la respiration. L’expérience avait fait connaître que les corps ne peuvent brûler et les animaux respirer sans le concours de l’air atmosphérique ; mais on ignorait la manière dont il influe dans ces deux grandes opérations de la nature et les changements qu’elles lui font subir. L’opinion la plus généralement répandue n’attribuait à ce fluide d’autres usages que ceux de rafraîchir le sang lorsqu’il traverse les poumons et de retenir par sa pression la matière du feu à la surface des corps combustibles. Les découvertes importantes que l’on a faites depuis peu d’années sur la nature des fluides aériformes ont beaucoup étendu nos connaissances sur cette matière ; il en résulte qu’une seule espèce d’air, connu sous les noms d’air déphlogistiqué, d’air pur ou d’air vital, est propre à la combustion, à la respiration et à la calcination des métaux ; que l’air de l’atmosphère n’en renferme que environ et que cette portion d’air est alors ou absorbée, ou altérée, ou convertie en air fixe par l’addition d’un principe que nous nommerons base de l’air fixe, pour éviter toute discussion sur sa nature : ainsi l’air n’agit point dans ces opérations comme une simple cause mécanique, mais comme principe de nouvelles combinaisons. M. Lavoisier, ayant observé ces phénomènes, soupçonna que la chaleur et la lumière qui s’en dégagent étaient dues,