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conque dans une atmosphère dont la température soit au-dessus du zéro du thermomètre, toutes ses parties éprouveront l’action de la chaleur de l’atmosphère jusqu’à ce que leur température soit parvenue à zéro. Dans ce dernier état, la chaleur de l’atmosphère s’arrêtera à la surface de la glace sans pouvoir pénétrer dans l’intérieur ; elle sera uniquement employée à fondre une première couche de glace qui l’absorbera en se résolvant en eau ; un thermomètre placé dans cette couche se maintiendra au même degré, et le seul effet sensible de la chaleur sera le changement de la glace en fluide. Lorsqu’ensuite la glace viendra à recevoir un nouveau degré de chaleur, une nouvelle couche se fondra et absorbera ainsi toute la chaleur qui lui sera communiquée ; en vertu de cette fonte continuelle de la glace, tous les points intérieurs de sa masse se présenteront successivement a la surface, et ce n’est que dans cette position qu’ils commenceront à éprouver de nouveau l’action de la chaleur des corps environnants.

Que l’on imagine présentement, dans une atmosphère dont la température soit au-dessus de zéro, une sphère de glace creuse à la température de et dans l’intérieur de laquelle on place un corps échaufie à un degré quelconque : il suit de ce que nous venons de dire que la chaleur extérieure ne pénétrera point dans la cavité de la sphère et que la chaleur du corps ne se perdra point au dehors et s’arrêtera à la surface intérieure de la cavité, dont elle fondra continuellement de nouvelles couches, jusqu’à ce que la température de ce corps soit parvenue à zéro. On n’a point à craindre que la fonte de la glace intérieure soit due à d’autres causes qu’à la chaleur perdue par le corps, puisque cette glace est garantie de l’impression de toute autre chaleur par l’épaisseur de glace qui la sépare de l’atmosphère ; et, par la même raison, on doit être assuré que toute la chaleur du corps, en se dissipant, est arrêtée par la glace intérieure et uniquement employée à la fondre. De là il résulte que, si l’on recueille avec soin l’eau renfermée dans la cavité de la sphère lorsque la température du corps sera parvenue à zéro, son poids sera exactement proportionnel à la chaleur que ce corps aura perdue en passant de sa température